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Le paysage

histoire du paysage dans la peinture

DEFINITION

Dans la hiérarchie des genres créés au 18e siècle, la peinture de paysage se situe entre la peinture de genre et la nature morte. Ce genre offre divers portraits de la nature, qui traduisent des états d âme particuliers de chaque peintre face à elle et évoluent sous l’influence du style du moment. Les peintres qui prennent la nature pour modèle ne l’ont pas systématiquement reproduites à l’identique. Comme pour le portrait, la peinture de paysage peut aussi révéler la personnalité du peintre. Picasso, se référant à Léonard de Vinci, assurait : « le peintre se peint toujours lui-même ». Est-ce à dire que toute peinture est finalement un portrait de l’artiste ?. Certainement pas, même si chaque œuvre peut renvoyer l’image du rapport existant entre le créateur et son modèle et permettre, précisément dans le cas de la peinture de paysage, une réflexion sur la place de l’individu au sein de la peinture.

 

HISTOIRE
Dès l’Antiquité, la nature est présente dans les productions artistiques, notamment dans les fresques où elle sert de cadre à des scènes de chasse ou de combat entre héros. Durant le moyen-âge, le paysage continue à être intégré dans des scènes, mais cette fois d’essence religieuse. La représentation de la  nature revêt en effet une fonction religieuse importante. Peindre la nature revient à peindre la présence du divin. On la trouve le plus souvent dans les œuvres illustrant le cycle de la Genèse, notamment l’épisode concernant le jardin d’Eden. En général, seuls quelques éléments de paysage apparaissent schématiquement sur les tableaux religieux, soit pour donner une ambiance, soit pour accentuer l’effet de perspective recherché. À la Renaissance, le paysage continue à servir de cadre à la peinture d’histoire, religieuse comme profane, et même aux portraits dont le genre se développe sous l’influence du goût pour l’Antiquité. Le premier peintre occidental à avoir réalisé un paysage sans aucun personnage est Ambroggio Lorenzetti (1) avec un château sur le bord du lac. Cette expérience, qui date du 14e siècle demeure cependant isolée. Il faut en effet attendre le 17e siècle, pour que la peinture de paysage devienne un genre véritablement autonome.
Si le paysage, isolé de toute représentation humaine, n’apparaît que tardivement, c’est que ce genre de peinture exige tout un ensemble de procédés techniques pour reproduire parfaitement les variations des éléments naturels comme le vent, les nuages, le brouillard, l’eau et surtout la lumière, sans oublier les lois de la perspective pour articuler le paysage en plans successifs dans le but de créer un espace tridimensionnel. Au début du XVIIe siècle, la peinture de paysage, jusqu’alors peu considérée, va devenir un genre très prisé en Italie. Le paysage sert alors de cadre à une histoire, mais au lieu d’être confiné à l’arrière-plan de la composition, il envahit désormais tout l’espace du tableau jusqu’à minimiser le drame représenté, les personnages étant devenus secondaires. Il en est ainsi dans le tableau de Claude Gellée, dit Le Lorrain intitulé "Port au soleil couchant" (2). Avec les romantiques, la peinture de paysage va prendre une nouvelle dimension, le paysage permettant de traduire un état d’âme, le plus souvent mélancolique, grâce à une atmosphère d’orage ou de tempête comme dans le tableau de William Turner intitulé "Tempête de neige en mer" (3), nouvelle vision lyrique de la nature que l’on retrouvera traitée plus tard par l’art informel.
Les peintres réalistes vont à leur tour découvrir ce genre tenu longtemps secondaire. Les peintres de l’École de Barbizon, Corot et son "Pont de Narni" (4) en tête, annoncent l’Impressionnisme. Ils trouvent dans la nature un refuge contre les contraintes sociales de la bourgeoisie de l’époque. Les paysages ne sont plus peints en ateliers, mais réalisés sur le vif, pour mieux capturer sur la toile la lumière changeante et ses effets sur la nature. La naissance de la photographie fascine les peintres impressionnistes comme nouveau moyen scientifique d’investigation, montrant la multiplicité des apparences et offrant la possibilité de saisir l’instant fugace. Cela conduira Millet et Monet à peindre des séries d’un même élément paysager, arbres, meules, fleurs, représentés sous des lumières différentes et suivant les saisons.
Les peintres symbolistes s’orientent, en réaction, vers la valorisation d’une réalité plus intérieur et mystérieuse. Les paysages seront stylisés, complétés de connotations mystiques et philosophiques pour aboutir à l’Expressionnisme, mouvement qui fait exploser les couleurs les plus violentes et utilise des lignes brisées et incisives.
Cézanne écrit à son ami Bernard qu’il faut traiter la nature "par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective". Avec le cubisme, dont  il fut en quelque sorte le précurseur, la nature, comme les autres sujets à peindre, est traduite par des formes géométriques. Les paysages vont éclater en mille morceaux où se réduire à des schémas géométriques, à des cubes. Les structures d’un paysage semblent alors mises à nu comme dans le tableau de Braque, "Maison à l’Estaque" (5).
Le paysage est traité de manière originale dans les productions de l’art brut. L'œuvre de Dubuffet comme celle de Klee d’ailleurs, offre une vision enfantine et naïve d’un paysage qui n’est ni une fenêtre ouverte sur le monde ni un cadre où se déroule un récit. Quant aux artistes du mouvement américain appeler "Land art",  ils quittent la toile pour réaliser leur intervention plastique dans de vastes paysages naturels, sachant qu’elle sera détruite au cours du temps par la nature elle-même, créant un concept de relation entre l’art et le temps, l’art et l’éphémère.

LES THÈMES
De même que la nature est multiple et changeante, la peinture de paysage peut décliner différents sujets. Les saisons et les différentes phases de la vie des éléments naturels sont illustrées ici, aussi bien par les meules en automne de Millet que par celles peintes par Monet. Après chaque hiver, la nature renaît et  éclate dans les purs paysages de nombreux artistes impressionnistes.
Comme exemple l’œuvre de Dubuffet intitulée "la campagne heureuse" ou les éléments déchaînés avec Turner et sa "tempête de neige en mer", la peinture de paysage comprend aussi les sujets liés à la mer et à la montagne ou encore offre des vues de ville, catégorie de la peinture de paysage appeler vedutisme. Cette forme se développe en Italie au 18e siècle et peut-être considéré aujourd’hui comme l’ancêtre de nos cartes postales. Le vedutisme conçoit en effet la peinture de paysage comme un souvenir de voyage, à une époque où les nobles et les bourgeois commençaient à se déplacer d’un pays à un autre.

 

LA SYMBOLIQUE
la symbolique d’un paysage est la même, quand on aborde  la symbolique des couleurs, que celle de n’importe quel genre de peinture. Seul  la symbolique cosmique lui est particulière : l’axe vertical longeant le ciel et la terre et l’axe de l’horizon établissant une frontière entre le ciel et la terre où la mer, créant une ligne le long de laquelle apparaît et disparaît le soleil.
À l’intersection de ces deux lignes, où se situe les quatre points cardinaux et les couleurs ambivalentes qui s’y rattachent pour associer les contraires :
Le jour, la clarté et la nuit, l’obscurité, la lumière chaude ou froide ; l’été et l’hiver ; le déclin et la mort. On l’a constaté dans plusieurs paysages choisis. D’après le peintre Auguste Herbin (6), l’action des forces de la lumière sur l’obscurité produit le bleu et l’action des forces de l’obscurité sur la lumière produit le jaune , deux couleurs essentielles qui dominent dans les paysages avec le vert, fusion du jaune et du bleu. Ce symbolisme des couleurs aboutira à une correspondance entre « la couleur » de certaines œuvres musicales et la couleur de certains paysages. Après les vers de Baudelaire « les parfums, les couleurs et les sons se répondent » le symbolisme prendra conscience des rapports secrets des couleurs entre elles et des éléments de la nature entre eux. Baudelaire, à nouveau, le montre parfaitement à propos des paysages : « la nature qui est devant nous, de quelque côté que nous nous tournions et qui nous enveloppe comme un mystère, se présente sous plusieurs aspects simultanés, dont chacun, selon qu’il est plus intelligible ou plus sensible pour nous, se reflète plus vivement dans notre cœur : forme, attitude, mouvement, lumière et couleur, son et harmonie. ». Dans cet esprit où l’homme traverse des forêts de symboles, toutes formes et couleurs dans un paysage peuvent avoir une interprétation symbolique proche de celle des rêves.

exercice

Choisir une photo de paysage (mer, campagne, ou ville). En conserver la structure et créer sur des formats carte postale, des paysages à la manière des peintres de mouvements picturaux divers : Klee, Zao-wou-ki, De Staël, Courbet...

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Commentaires: 2
  • #1

    Sylvie Krempp (mardi, 26 janvier 2021 11:17)

    Cours sur ZOOM génial. Non seulement on se cultive mais on s'amuse en travaillant sa technique et sa créativité.
    Une pause soleil dans cette période de confinement. Même En tant que débutante je me dépasse et progresse.

  • #2

    Béatrice (jeudi, 28 janvier 2021 13:05)

    Que du Bonheur !
    Même si on est en dehors de sa zone de confort .....