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Cours de dessin 1 : l'expression

exercice : Marc Riboud à la manière de Bosch

D’après la photo de Marc Riboud (1923 ), "les dockers en grève"  - Liverpool - 1954, faire une réalisation plastique sur le support de votre choix avec le medium de votre choix, en accentuant le côté grotesque des visages. Cette accentuation peut aller jusqu’à la caricature, à l'instar de cette oeuvre de Jerome Bosh.
Faites confiance à la singularité de votre trait pendant la réalisation du dessin.

Le but de cet exercice étant de travailler à l'extrême l'expression des visages, prenez le temps avant, de lire l'analyse du tableau "expressionniste" de Emil Nolde.

Faire un rapprochement avec les visages très expressifs de ce tableau et le mouvement expressionniste.

 

L'expressionnisme

Mouvement artistique né en Allemagne qui traduit de manière expressive le malaise des artistes qui prennent la ville, les inégalités sociales et la crise pour sujet. Ensor et Munch sont les précurseurs de ce mouvement représenté essentiellement par deux groupes allemands importants, Die Brücke (le pont) et Der Blaue Reitert (le cavalier bleu). Parmi les expressionnistes, on compte Nolde et Rouault.

Emil Nolde

Emil Nolde
La Pentecôte (1909)
Huile sur toile, 87 x 107 cm
 
Emil Nolde est le pseudonyme d’Emil Hansen, né en 1867 à Nolde en Silesie.
L’ œuvre de Nolde s’inscrit dans cette grande révolution artistique du début du 20e siècle que fut l’expressionnisme.
L’art de Nolde et de ses amis ne pouvant pas être qualifié d’impressionniste, ils se nommèrent expressionnistes par boutade.
Un peu plus tôt, en 1888, J. Ensor marquait en précurseur les débuts de ce mouvement.
Parmi les expressionnistes allemands, Emil Nolde est une figure à part. Il fait en effet cavalier seul, même s’il adhéra un temps au groupe DIE BRÜCKE.
 
Le thème religieux occupe une place importante dans l’œuvre de l’artiste et la Bible fut à plusieurs reprises sa source d’inspiration.
NOLDE a été très influencé par l’art Populaire de son pays mais aussi par les formes d’expression artistique des peuples dit «primitifs», entre autres ceux d’ethnies africaines dont les masques le fascinaient.
On se souvient du «Miracle de la Pentecôte», rapporté dans les Actes des Apôtres ;  50 jours après Pâques, les apôtres réunis reçoivent du ciel des langues de feu, qui en se posant sur eux, les enveloppent  de l’Esprit Saint.
 
Dans le tableau ne figure que 11 apôtres, Judas s’étant suicidé.
Trois d’entre eux sont en premier plan, assis de dos ou de trois quart arrière, autour d’une table jaune, les autres forment au deuxième plan du tableau un alignement, tandis que en arrière-plan, l’obscurité d’un fond sombre bleuté ramène notre regard sur la table et ses convives.
Cette scène de la Pentecôte est tragique et angoissante chez Nolde tandis que dans l’Évangile elle est paisible.
 
Les personnages entretiennent l’ambiguïté entre le titre du tableau et la scène représentée.
En effet on remarque que les apôtres ne tiennent pas, ou n’ont pas à leurs côtés, des attributs révélant leur identité, comme l’aigle pour Saint-Jean ou encore les clés pour Saint-Pierre.
Ainsi le mystère reste entier et l’on ne peut savoir par exemple à qui l’apôtre situé au premier plan à gauche, celui qui porte une cape bleue turquoise, serre la main.
 
Notons qu’il subsiste deux détails réellement  attachés au thème de la Pentecôte : les mains jointes de l’apôtre barbu priant au-dessus de la table jaune et les gouttes de feu violacées tombant du haut du tableau.
Admirons l’art du coloriste qu’est Nolde dans ces quelques éléments.
Seule la couleur jaune de la table reflétée sur les visages apporte la vision d’une lumière divine alors que les langues de feu du Saint-Esprit au-dessus de leur tête est d’un violet intense.
 
Remarquons aussi que les personnages se serrent étroitement les uns contre les autres. On dirait que le format de la toile ne suffit pas à les contenir tous à l’instar du tableau représentant la Cène que Nolde a peint la même année.
Les visages des apôtres dont certains sont coupées par des limites du tableau ressemblent un peu à des masques qui pourraient évoquer le style du peintre James Ensor.
On le sait Nolde admire l’art primitif.
 
Le dessin est ici simplifié à l’extrême.
Par ses couleurs violentes, criardes et agressives, le peintre crée un choc visuel très fort capable de provoquer le malaise, et les apôtres avec leurs grands yeux de couleurs fixes semblent prêts à recevoir l’Esprit Saint.
 
Cette œuvre est réalisée selon la technique de la peinture à l’huile. Elle permet d’obtenir des touches plus ou moins épaisses selon la quantité d’huile utilisée pour diluer les pigments.
Avant d’appliquer les couleurs, Nolde devait retracer l’esquisse de sa composition sur une toile préalablement préparée.
Si son dessin disparaît sous la peinture, on en devine la présence par l’utilisation des cernes,  ces traits épais qui se substituent à l’ébauche initiale pour le nez, sourcils et yeux des apôtres rendant ainsi les visages plus expressifs.

james ensor

James Ensor
L'entrée du Christ à Bruxelles (1888)
Huile sur toile  258cmx451cm

James Ensor est né à Ostende le 13 avril 1860. Se destinant au métier de peintre, il rejoint Bruxelles où il étudie 3 années à l'Académie des Beaux-Arts. Déçu par l'enseignement fixe du dessin d'après l'Antiquité, il est bien décidé à laisser aller son penchant pour la couleur et le mouvement. Il subit l'influence du naturalisme qu'une oeuvre comme "le lampiste" (1880) traduit bien.

Puis il attache une importance de plus en plus grande au rôle joué par la lumière. Ses œuvres, parmi lesquelles "la mangeuse d'huîtres" (1882), peuvent être qualifiées d'impressionnistes, tant Ensor utilise la couleur avec profusion.

Il peint à partir de 1883 toute une série de tableaux peuplés de personnages grotesques, aux visages transformés en masque, créant ainsi une sorte de théâtre fantastique. L'entrée du Christ à Bruxelles est l'une de ces œuvres.

Ensor ne connaît la gloire que peu de temps avant sa mort, en 1949. N'appartenant à aucun courant en particulier, souvent rejeté comme "un peintre de carnaval ", il a beaucoup de mal à être exposé. Il côtoie quelques années le groupe des Vingts (XX), constitué d'artistes avant-gardistes, fondé à Bruxelles en 1883 et dissous 10 ans plus tard. Même ses pairs ne reconnaissent pas son art, jugeant ses œuvres "inutilement scandaleuses". Avec le nouveau siècle, son œuvre est enfin saluée. Les expositions se multiplient à Bruxelles, Paris, Venise ; on le célèbre comme le précurseur des expressionnistes. Il meurt à Ostende en 1949.

Ensor est un peintre aux multiples facettes dont l'œuvre est difficile à retracer car comme le dit l'artiste lui-même, "Ensor change de manière comme de chemise ». Il peut en effet réaliser les tableaux de styles différents à une même époque. On peut cependant retracer les différentes manières auxquelles il recourt dans sa production.

Peint en 1888, "l'entrée du Christ à Bruxelles "contient toutes les révoltes et l'ironie de James Ensor. Il a peint ce tableau l'année où Gauguin réalisa sa "vision après le sermon". Or, sans concertation, les deux artistes ont utilisé un thème religieux pour faire une violente critique sociale. Pour Ensor, « la vie, pour tragique qu'elle soit, n'est pas autre chose qu'une farce donc il vaut mieux rire ». Mais dans la composition fantasmagorique du tableau choisi, ses personnages, tout carnavalesques qu'ils sont, véhiculent un sentiment de malaise. Par ses extravagances formelles et ses pieds de nez aux sujets traditionnels, Ensor prend du recul par rapport à la réalité et annonce par « l'aspect visionnaire » de son œuvre, L'art à venir des expressionnistes.

"L'entrée du Christ à Bruxelles" est une parodie du thème biblique de l'entrée du Christ à Jérusalem. Ce thème plusieurs fois mentionné dans la Bible est central, puisqu'il ouvre le cycle de la passion.

 

Ensor mélange ici avec insolence le religieux et le profane. Une banderole située en haut du tableau précise "Vive la social"et un panneau sur la droite au dessous d'une tribune « vive Jésus, roi de Bruxelles ». Il s'agit d'une manifestation, sorte de carnaval, dans laquelle Jésus, monté sur un âne et bénissant la foule comme le veut la tradition, serait le clou du spectacle. Pour James Ensor, le Christ est un anarchiste, un insurgé. Ayant fréquenté dans sa jeunesse les milieux de libre-penseurs, on comprend mieux son interprétation burlesque, parfois choquante, mais plein d'humour, de cette entrée du Christ à Jérusalem. Comme dans ses autres tableaux, il peint de multiples personnages portant des masques dont un, en bas à gauche, représente l'image grimaçante de la mort. Au milieu du tableau, une « fanfare doctrinaire » précède le Christ auréolé. Cette foule gigantesque ressemble à celle grotesque d'un carnaval. On découvre en effet des masques et des costumes de juges, d'évêques, de militaires, de clowns... Qui créent dans cette procession à perte de vue une atmosphère de kermesse à la flamande dans les traditions d'un Bruegel.

Ensor peint ici une foule dense, bariolée, qui occupe tout l'espace, de l'arrière-plan ou les personnages ne sont pas plus grands qu'une tête d'aiguille jusqu'aux figures énormes  de l'avant-plan, qui semblent vouloir s'échapper du cadre de la toile. Avec ses personnages qui sont autant de détails individuels, le peintre nous offre de longues heures de contemplation, si l'envie nous prend de les scruter un par un.

Les recherches techniques de l'artiste se trouvent illustrées ici. On y trouve presque toutes les techniques, du glacis mince aux empâtements les plus épais. Des têtes sont dessinées au fusain, d'autres à l'huile dans des empâtements irréguliers, allant jusqu'à une sorte de crépi épais, d'autres sont recouvertes d'une pâte homogène ayant la consistance de la cire à cacheter.

quelques réalisations d'élèves

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