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L'atelier rouge

henri matisse

Henri Matisse
L’atelier rouge (1911)
Huile sur toile 180 x 220 cm

 

Henri Matisse naît le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis.
Il étudie le droit à Saint-Quentin puis à Paris et débute comme Clerc. En 1890, il a la révélation de la peinture au cours d’une convalescence lorsqu’on lui offre une boîte d’aquarelle.
Il retourne à Paris, fait un bref passage à l’Académie Julian et suit les cours de l’école des Arts Décoratifs où il rencontre de nombreux artistes. Remarqué par Gustave Moreau, il entre dans son atelier, dispensé du concours d’entrée de l’école des Beaux-Arts. Au cours de l’exposition du Salon d’Automne de 1905, un critique choqué par la violence et la puissance des coloris des œuvres de Matisse, "Femme au chapeau" et "Fenêtre ouverte", et de celles de ses amis, Vlaminck, Derain etc... , les appelle «des fauves»
Matisse devient le chef de file de ce courant qui revendique la liberté d’expression de la couleur pure. Entre 1908 et 1912 Matisse peint une série de tableaux immenses sur la danse et la musique.
Ses œuvres marquent les étapes d’une recherche de simplification rythmique et chromatique, par une juxtaposition d’aplats.
Au cours de la Première Guerre mondiale, et pour des raisons de santé, Matisse se fixe à Nice. La lumière et les couleurs éclatantes du Midi conviennent bien à  son tempérament de grand coloriste.
Il meurt à Nice le 3 novembre 1954 . il vient juste de finir la décoration de la chapelle de Vence de ses collages de papiers découpés et de ses vitraux.
Une définition célèbre érigée en théorie de la peinture à la fin du 19ème siècle par Maurice Denis, peintre Nabi, pourrait s’appliquer à l’art de Matisse : « Se rappeler qu’un tableau avant d’être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »
Matisse est le chef de file des peintres fauves qui, au contraire des impressionnistes, privilégient la subjectivité des couleurs et leur force expressive.
La couleur est un élément constructif de l’espace dans la composition d’un tableau. Matisse a toujours utilisé la couleur intense comme moyen de remplissage du dessin, mais aussi comme forme à part entière.
À la fin de sa vie, il utilise des papiers préalablement enduit de gouache qu’il découpe et colle sur un support, disant  de ce procédé :

«découper à vif dans la couleur me rappelle la taille directe des sculpteurs». Il faut selon lui conserver au tableau son unité de surface «tout en suggérant que la place des objets à des plans différents, non plus par le procédé du dessin et de la perspective géométrique mais par la disposition des couleurs et les rapports qui s’établissent entre elles». "L’atelier rouge", peint en 1911, est la brillante illustration de cette théorie.
L’atelier rouge est un tableau difficile à comprendre si l’on n’entre pas dans la démarche de l’artiste qui, du haut en bas du tableau n’a posé qu’une seule couleur rouge brique en aplat, sans aucun dégradé, comme si l’œuvre était abstraite et monochrome. Les objets posés sur la table ou par terre ne sont là que pour mettre en valeur ce fond rouge du sol et des murs. La table, la chaise, la commode, l’horloge sans aiguille sont à peine esquissées  par un mince trait jaune ; tous les objets suggérés sur la table et la commode sont mêlés au fond rouge, suspendus dans le vide.
Matisse rompt avec la tradition picturale élaborée depuis la Renaissance d’après laquelle le tableau est une fenêtre ouverte sur la réalité. Ici, malgré quelques effets qui visent à traduire la profondeur, notamment dans le traitement de la chaise ou encore dans l’empilement des tableaux au sol, Matisse nous confronte sans cesse à son aplat rouge sur lequel ou plutôt dans lequel se fondent les objets représentés, ceux de son environnement quotidien.
Accrochées au mur où posées à plat sur le sol, Matisse a représenté quelques-unes de ses œuvres toiles ou sculptures qui ressortent telle des taches colorées sur le fond monochrome rouge et font penser à des coupures de papiers colorés simplement disposés sur les surfaces planes des murs. Des tableaux dans un tableau, voilà qui enrichit l’énergie de la peinture la plus pure.
Matisse recouvrait sa toile blanche d’une préparation à base de colle, d’huile, de carbonate de calcium et un pigment rouge. Il appliquait  cette préparation isolante en couche mince sur toute la surface de sa toile .
C’est sur ce fond, ordonné en un seul aplat rouge, qu'il dessine les objets de cet atelier. À l’aide d’un burin, il creuse des sillons qui laissent apparaître le blanc de la toile. Ces sillons correspondent au contours des différents meubles de la pièce, soulignés par un filet jaune. Il ne laissent voir que l’aplat  rouge appliqué en premier. Seules quelques taches de blanc de vert de jaune et un peu de bleu apportent et créent une lumière irréelle dans cet univers incandescent, sans ombre ni dégradé. Les rouges de la toile accroché au mur, à droite dans le tableau, se fondent au fond rouge de l’atelier, à peine éclairé par la fenêtre de gauche. Cette fenêtre, ainsi que le coin du tableau posé sur le sol, créent  l’effet de perspective. L’importance de la couleur au détriment de la forme dans l’ œuvre de Matisse est illustrée par cette toile.

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