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La rue entre dans la maison

umberto boccioni

Umberto Boccioni
La rue entre dans la maison (1911)
Huile sur toile Umberto Boccioni  (100 x 100.6 cm)

Umberto Boccioni est né en 1882 à Reggio di Calabra, en Italie.
En 1900, il s’installe à Rome où il rencontre Severini et fréquente l’atelier de Balla. En 1906, il séjourne à Paris et y découvre l’art de Cézanne ainsi que des impressionnistes.
Il suit les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Venise et en 1908, rejoint Milan où il rencontre l’écrivain Filippo Marinetti, initiateur du mouvement futuriste.
Ses premières œuvres, notamment sa série sur le thème de banlieues, témoignent de son intérêt pour le monde urbain et de ses recherches picturales sur la simultanéité et le dynamisme plastique.
En 1910, il signe le "Manifeste des peintres futuristes", y présentant "La rue entre dans la maison".
En 1912, il expose à Paris avec d’autres artistes futuristes à la galerie Berheim. Jeune, il découvre alors la peinture des cubistes dont l’influence se lit dans le portrait de sa mère, construction horizontale.
La même année, il rédige seul le manifeste technique de la sculpture futuriste et débute son activité de sculpteur. Il s’engage dans la guerre de 1914 et meurt au front en 1916, à la suite d’une chute de cheval.
À la fois peintre, sculpteur et théoricien, Boccioni est un des représentants les plus complets du mouvement futuriste italien né du "Manifeste du futurisme" rédigé dans le numéro du 20 février 1909 du journal Le Figaro par l’écrivain Marinetti qui écrit : « Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la muraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace. » Enthousiasmés, cinq artistes italiens, Severini, Carra, Balla,Russolo et Boccioni le signent un an après. Il dénoncent l’académisme et, contrairement aux expressionnistes, prônent le progrès scientifique et technique. Pour parvenir à traduire la mobilité, la vitesse et le dynamisme qui sont au cœur de leurs recherches picturales, ces artistes empruntent  aux neo-impressionnistes le principe de la décomposition chromatique obtenue par la juxtaposition sur la toile des couleurs complémentaires, et aux cubistes la division des formes. Boccioni introduit dans ses toiles ce qu’il nomme « les directions des formes formes-couleurs », lignes- forces qui schématisent la composition par le découpage de formes contrastées .
Le groupe des futuristes italiens n’a pas survécu à la mort de Boccioni mais son esthétique s’est diffusé dans le monde entier.
Boccioni exprime à merveille ses théories de l’Espace, des formes et du mouvement lorsqu’il écrit : « Je voudrais synthétiser les formes uniques de la continuité dans l’espace, effectuer une fusion d’une tête avec son ambiance, montrer le prolongement des objets dans l’espace, modeler la lumière de l’atmosphère, fixer les formes humaines en mouvement. »
Au centre de la toile, une femme se penche au-dessus d’une rue qui se déroule en contrebas. A droite et à gauche deux autres femmes sur un balcon regardent l’agitation d’un vaste chantier. De nombreux ouvriers s’affairent aux échafaudages de la construction d’une maison. Les immeubles de la rue sont vus en plongée et semblent s’emboîter les uns dans les autres.
Remarquons le violent contraste chromatique rouge- bleu employé par le peintre, dont le seul but est d’accentuer l’énergie vitale qui se dégage de cette œuvre fantastique où se multiplient les images, se déformant  et se succédant comme des vibrations spatiales entrecoupées de rayons de lumière. Toutes les perspectives se confondent et s’annulent, celles de la maison et celles des échafaudages.
Dans cette recherche d’une abstraction plastique, il fait ici une synthèse de la forme et de la couleur et entremêle simultanément une place, des maisons, des ouvriers et, bien entendu, la femme au centre vêtue d’une somptueuse robe bleue. En 1912 il s’inspire  de ce tableau pour créer une de ses sculptures, fusion d’une tête et d’une fenêtre. Il ajoutera a une tête sculptée une véritable croisée de fenêtre.
La robe bleue de la femme a été peinte en premier. Sur cette structure bien élaborée, le peintre a posé minutieusement des petits blocs de couleurs qui varient en nuance pour chaque élément du décor, mais le rouge domine. Ces touches carrées sont de largeurs différentes selon la taille des pinceaux et forment une mosaïque que l’on ne perçoit qu’en s’approchant très près du tableau.
Les volumes des maisons sont délimités par des traits de couleurs qui sont orientés pour dessiner des contours. Si la palette semble très riche, elle se limite cependant au jaune, au violet et au bleu, avec deux couleurs complémentaires, Le rouge et le vert qui, réunies, créent cette vibration chromatique d’une grande intensité. C’est la technique du pointillisme qui reproduit ici dans les tons jaunes et orangés et les petites touches isolées de rouge et de vert, les effets pénétrants d’une lumière solaire invisible.

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