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La persistance de la mémoire

salvator dali

Salvador Dali
La persistance de la mémoire ( 1932)
Huile sur toile, 24 x 33 cm

Salvador Dali est né le 11 mai 1904 à Figueras en Catalogne. Après des premiers essais de peinture en amateur, il s’inscrit en 1921 à l’école des Beaux-Arts de Madrid. Il y apprend  l’art académique contre lequel il se rebelle, lui préférant le cubisme. En 1926, exclu de l’école, il gagne Paris où il prend contact avec Picasso. Trois ans plus tard, il est de retour en France pour le tournage d’"Un chien andalou" de Bruñel, film manifeste du cinéma surréaliste dont il a écrit le scénario. Miro le présente aux surréalistes. La même année, il rencontre Gala, la première femme de Paul Éluard et il l’épouse. Toute sa vie, elle sera sa muse.
En 1932, le tableau, la persistance de la mémoire, le fait connaître aux États-Unis. Le succès qu’il rencontre très tôt, lui fait partager son temps entre New York, Paris et sa propriété de Cadaqués. En 1934, sa sympathie affichée pour Hitler provoque son exclusion du groupe surréaliste. Toute sa vie, il a été un exhibitionniste, créant sa propre légende illustrée par ses fines moustaches gominées, sa canne, son emphase verbale et sa prononciation rocailleuse des «r». Grâce à ses scandales répétés, son humour noir et sa théorie de la « paranoïa critique», il est peut-être devenu le peintre le plus célèbre de sa génération. En dépit de ses clowneries qui peuvent agacer, il a laissé une œuvre audacieuse, la plus représentative du surréalisme. Il meurt à l’hôpital de Figueras le 21 janvier 1989, âgée de 84 ans.
Dali occupe une place particulière au sein du mouvement surréaliste. Bien que congédié du groupe à la fin des années 30 pour ses positions prohitlériennes, Dali continue à participer à toutes les manifestations du surréalisme qu’il illustre par son étonnante capacité à créer des images oniriques.
Même BRETON, à l’origine de son exclusion, reconnaît son importance pour le mouvement. Tandis que Magritte s’intéresse à la représentation contrôlée des objets de la réalité quotidienne.  Dali, attiré par les mystères de l’inconscient, substitut sa méthode à celle, plus classique, de la recherche passive de l’inconscient à travers les rêves. Sa méthode  intitulée « paranoïaques - critique » est influencée par les travaux de Freud. L’oeuvre de Dali ne respecte pas vraiment la définition du surréalisme énoncée par BRETON en 1924 où l’inconscient se substitue au contrôle de la raison.
Ce tableau s’intitule aussi "les montres molles". Il est en effet inutile de décrire les cadrans de montres, accrochés à la branche d’un arbre où posés sur un rocher plat, qui s’affaissent comme s’ils avaient été vidés de leur structure intérieure. Dali précise d’ailleurs qu’il a peint ces montres « comme des filets de sole » et qu’elles sont destinées à être « avalées par les requins ». Selon certaines versions, cette  image des montres molles lui aurait été inspirée par un camembert coulant.
Cette toile offre la vision onirique d’un paysage pourtant bien réel. Il s’agit de la plage située près du port Llignat dont les rochers caractéristiques sont éclairés d’une lumière dorée de fin de journée. Pour quelle raison ce tableau, nous seulement déconcerte, mais aussi trouble le spectateur qui le regarde ? Cela tient sans doute d’abord au violent contraste qui oppose le paysage bien réel, surplombé d’un ciel bleu au soleil couchant, aux objets insolites et inquiétants qui habitent le premier plan de la toile. Toute la force de Dali au même titre que Magritte, est de peindre ces univers surréalistes avec l’application réaliste des peintres Académiques. C’est avec un grand souci du détail que le peintre catalan représente les montres molles. D’une facture précise et rationnelle, à la limite de la virtuosité hyperréaliste, Dali parvient à dépeindre un univers halluciné qui ne vise rien d’autre que l’évocation de la relativité du temps par la voie d’un imaginaire exacerbé.
Après avoir préparé sa toile avec un encollage, Dali dessine sa composition au crayon. Dès cette phase de travail il s’attache avec soin à chaque détail. Il applique ensuite ses pigments mélangés à de l’huile. Pour peindre les grandes surfaces, il utilise des brosses à bout rond et pour les détails des petits pinceaux. Pour contrôler son travail minutieux on dit qu’il utilisait une grosse loupe. Les parties sombres et opaques du premier-plan s’opposent à celles plus lumineuses et transparentes de l’arrière-plan qu’il obtenait en estompant  les couleurs. La palette qu’utilise Dali est la même pour tout  le tableau, seuls les tons diffèrent.

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