· 

The Deep

jackson pollock

Jackson Pollock
The Deep (1953)
Acrylique et émail sur toile, 220 x 150 cm

Jackson Pollock est né en 1912 aux États-Unis dans le Wyoming. Il fait ses études à l’école d’art de Los Angeles, mais il est renvoyé, car il ne suis pas régulièrement les cours. Ses premières peintures sont figuratives et inspirées de la mythologie.
La peinture d’artiste Européens en exil aux États-Unis, particulièrement celle de Max Ernst, le bouleverse. En 1946, il arrête sa psychanalyse avec Yung et cherche à libérer sa peinture en abandonnant la peinture de chevalet. Influencé par les dessins « automatiques » à l’encre d’André Masson, il s'en inspire et invente en 1947 ce que l’on appelle le dripping, en travaillant sur une toile non tendue, posée sur le sol de son atelier, la matière picturale étant répandue en amples giclées. Pollock danse dans et autour de sa toile, en balançant au-dessus d’elle, comme un pendule, soit son pinceau avec un trop-plein de peinture, soit une boîte percée remplie de peinture. Cette peinture gestuelle est dite "action painting". L’acte créateur, auquel assistent des curieux qui envahissent son atelier, est transformé en un véritable happening.
À la fin de sa vie, il revient à un travail plus figuratif, réalisé uniquement en noir et blanc, travail qui semble influencé par les faces grimaçantes et torturées du Guernica de Picasso, un tableau qu’il admire beaucoup.
Il meurt à long Island en 1956, en plein épanouissement de son art, à la suite d’un accident de voiture.
Pour Pollock, tout semblait avoir été exploité aussi bien dans la figuration que dans l’abstraction. L’action painting tire son inspiration du principe d’automatisme inventé par André Breton en 1924. Entre 1947 et 1952, ses tableaux seront réalisés dans les conditions psychologiques particulières, une sorte de recherche d’État de grâce, lorsque toute la vitalité de son corps, participe, avec son esprit, à la création de sa peinture. Comme le lui avait conseillé Max Ernst, la main, l’avant-bras et l’épaule doivent participer au mouvement du pinceau.
À partir des années 50, les artistes Américains qui ont subi pendant la Seconde Guerre mondiale, l’influence des peintres Européens en exil aux États-Unis , influencent à leur tour la peinture européenne, notamment Hans Hartung, Georges Mathieu, ou encore Pierre Soulages. Devant ce tableau peut-on parler de composition ? Pollock ne faisait aucune espèce de son travail, ne se fiant qu’à la pulsion instinctive du mouvement. Il utilise la technique du dripping, mot qui signifie dégoulinant ou éclaboussure. Ce procédé nouveau lui permettait d’obtenir une grande spontanéité, la peinture étant lancée sur toute la surface.
Le spectateur ressent bien, en regardant ce tableau le mouvement de danse, comparable à une transe, de Pollock se déplaçant autour de sa toile dans un rythme  improvisé. Le peintre remplit la totalité de la surface de sa toile, sans privilégier un endroit en particulier de sa composition. Il n’y a pas de centre ni de construction préétablie mais un vrai labyrinthe de lignes enchevêtrées. D’après Pollock, les spectateurs « devraient chercher à accueillir ce que le tableau leur propose, et non pas arriver avec un contenu principal ou une idée préconçue dont ils chercheraient la confirmation ». Plus tard il dira :« la peinture possède une vie qui lui est propre. J’essaye de la faire sortir ». Il raconte qu’un critique a écrit « que mes tableaux n’avait ni commencement ni fin. Il ne l’entendait pas comme un compliment, or , cela en était un ; c’est même un beau compliment.»
Cette toile est composée de peinture acrylique et de peinture émaillée. Il peint d’abord le fond en émail noir, puis lorsque tout est bien sec il tient avec sa main gauche le pot de peinture blanche très fluide tandis que , de sa main droite armé d’un long pinceau, courbé sur une toile, il fait d’abord des giclées de peinture blanche pour former la base de son réseau tourbillonnant d’entrelacs qu’il va,  à certains endroits, étaler  à l’aide d’un pinceau. Quelques touches de jaune  viennent souligner le blanc et accentuer le noir. Il utilise des brosses dures à long manche, de longs bâtons trempés directement dans le pot et parfois même, se sert d’une truelle. Une fois l’ œuvre terminée, il coupe les parties de sa toile restées blanches et la fixe sur le mur pour contempler le résultat obtenu. Vers 1951, il explique bien sa démarche technique : « ma peinture est directe ; lorsque je peins, j’ai une notion générale de ce que je fais (...) il n’y a pas de hasard, pas plus qu’ il n’y a de commencement ni de fin... J’ai besoin d’éprouver la résistance d’une surface dure. Je suis plus à mon aise sur le sol. Je me sens plus proche et je fais corps avec ma peinture, puisque de cette façon, je puis marcher autour, travailler des 4 côtés à la fois et me trouver littéralement dans la peinture. ». Il est vrai que Pollock maîtrise prodigieusement sa technique sur cette toile.

Écrire commentaire

Commentaires: 0