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La grande odalisque

jean auguste dominique ingres

Jean Auguste Dominique Ingres
La Grande Odalisque (1814)
Huile sur toile, 91 x 163 cm

Jean Auguste Dominique Ingres naît à Montauban le 29 août 1780. Il entre à l’académie de Toulouse à 11 ans.
À 17 ans, il monte à Paris et entre dans l’atelier de DAVID dont il devient l’élève favori.
En 1801, il obtient le Prix de Rome. Pensionnaire à la Villa Médicis de 1806 à 1811, Ingres décide de rester à Rome, où il peint des portraits et de grandes compositions comme "Le songe d’ Ossian". Son séjour en Italie lui permet de découvrir l’ œuvre de Raphaël qu’il admire. À la chute de l’Empire, les commandes deviennent rares et, n’ayant pas de quoi acheter des couleurs, il en est réduit à faire des portraits à la mine de plomb.
Au Salon de 1819, Ingres envoi de Rome plusieurs toiles dont "la Grande Odalisque" en 1814 et remporte à celui de 1824 un grand succès avec "le vœu de Louis XIII" (cathédrale de Montauban).
Il s’impose comme portraitiste et comme dessinateur incomparable. Il reçoit de nombreuses commandes officielles (apothéose d’Homère pour un plafond du Louvre) et réalise les portraits de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie.
De 1835 à 1841, il retourne à Rome pour diriger la Villa Médicis. De nouveau à Paris, il poursuit sa carrière de portraitiste, qu’il agrémente de sujets religieux ainsi que de grandes compositions. Il meurt le 14 janvier 1867 des suites d’une pneumonie.
Le musée Ingres de Montauban possède une cinquantaine de tableaux et plus de 4000 dessins et le célèbre violon de l’artiste.
En 1862 ,cinq ans avant sa mort, 250 artistes français offrent à Ingres une médaille d’or, hommage auquel Napoléon III s’associe en proclamant au Sénat :« Ingres est le plus grand représentant des Beaux-Arts ».  Elève de David, il est resté fidèle à l’enseignement néoclassique de son maître. Son œuvre, est souvent opposée à celle de Delacroix, l’un des chef de fil du mouvement romantique. S’il est vrai que l’art d’Ingres se caractérise par une grande rigueur dans le dessin et la construction et peut-être considéré comme l’aboutissement du néoclassicisme, l’artiste a cependant violemment rejeté le concept néo-classique du beau idéal, lui préférant la recherche du réalisme et l’expression de la vérité.
Ingres est touché par la vogue de l’Orient, qu’il traite en particulier avec les nus qu’ il situe dans des scènes de harem. Le tableau choisi, "La Grande Odalisque", présenté au Salon de 1819, s’inscrit dans cette vague orientalisante. En 1842, il peindra une autre odalisque, "l’odalisque à l’esclave", d’un style encore plus influencé par l’orientalisme de Delacroix et son chromatisme étincelant.
C’est un tableau qui exerce sur le spectateur une grande fascination. Le regard froid de cette odalisque (esclave blanche des harems) séduira de nombreux peintre impressionniste comme Manet.
Présentée de dos, elle est allongée dans une pause alanguie sur un sofa bleu turquoise recouvert de draps de soie et de fourrure froissée. Elle semble enfermée dans un espace clos, délimité à l’arrière par un fond sombre et à sa droite par la magnifique soierie façonné dans un bleu profond dont les motifs floraux sont semblables à ceux de l’éventail ou du chasse-mouche en plume de paon rouge et or qu’elle tient dans sa main droite, tout en soulevant la tenture.
Ingres représente cette belle courtisane dans une pièce d’un palais ottoman. À droite, une grande pipe, un brûle-parfum et à gauche une grande broche ornée de perles sont, avec le chasse-mouches, les seuls éléments exotiques qu’ Ingres utilise pour recréer l’atmosphère orientale. L’odalisque, au beau visage d’une ovale pure, est coiffée d’un turban terminé par des glands en fil de soie dorée. Elle porte pour seule parure un diadème orné d’un médaillon perlé, et trois bracelets en or torsadé au bras droit. Le rideau turquoise, le fond noir sont là pour mettre en valeur l’éclat de sa nudité dorée. Peinte dans une pose pudique cette femme n’est pas provocante, ne laissant voir que son dos et deviner sous son bras la naissance de son sein droit.
Par les courbes sinueuses, gracieuse et sensuelles de son dessin, Ingres est arrivé à montrer la beauté parfaite d’un corps de femme. Pour obtenir ce jeu des courbes savantes du dos, des fesses et du bras droit, Ingres à triché en ajoutant au dos trois vertèbres et en allongeant le bras et la main posés sur le mollet gauche du modèle. De formation classique, Ingres a osé défier les lois de l’anatomie pour parvenir à son idéal plastique. Pour la critique, c’était trois vertèbres de trop ! Le dos rallongé, le bras démesurément grand, le bassin trop large, la cuisse que l’on devine courte et trapue, autant d’éléments qui feraient de cette odalisque, une fois debout, un personnage difforme, et pourtant, ce corps allongé nous apparaît vrai, réel. La construction anatomique exagérée permet ainsi à Ingres de donner une expression au corps, de lui donner vie et beauté.
Il conseille à ses nombreux élèves : « dessiner longtemps avant de songer à peindre ». Ingres à su créer un style personnel qui se différencie de celui de tous les néoclassiques. Ses surfaces unies, composées d’une peinture fine et fluide, créent un effet esthétique nouveau. Le peintre se laisse guider par la ligne et ajoute ensuite les couleurs. Il obtient le modelé par le passage subtil de l’ombre à la lumière, ce que l’on appelle les demi-teintes. Ici, l’artiste ne recourt pas au clair-obscur, n’oppose pas violemment les ombres à la lumière.
Il écrit : « pour arriver à la belle forme, il ne faut pas procéder par un modelé carré ou anguleux, il faut modeler rond et sans détail intérieur apparent. »

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