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Le prêteur et sa femme

quentin metsys

Quentin Metsys.
Le prêteur et sa femme (1514).
Musée du Louvre. Huile sur toile 70 x 67 cm.

On sait que Quentin Metsys est né à Louvain en 1466 et qu’il est le fils d’un chaudronnier. Jusqu’à l’âge de 20 ans, il aide son père, tout en s’initiant à  la peinture.
Formé sans doute à Louvain par les Fils du peintre Éric Bouts, il s’installe vers 1490 à Anvers où il y vit jusqu’à sa mort.
Au 16ème siècle, la ville d’Anvers est devenue l’un des plus grands centres de la peinture européenne de la Renaissance.
Elle est à son apogée industrielle et commerciale. On y pratique de nombreuses activités, comme la taille du diamant, la Verrerie, la faïencerie, la reliure, l’imprimerie et le change.
Si dans le pays du nord de l’Europe, l’art du 15ème siècle est d’abord religieux, au siècle suivant, les productions artistiques illustrent davantage les activités de la vie liées au Commerce laïque comme c’est le cas dans cette toile.
Le personnage du centre est soit un changeur se livrant à une opération de change soit un prêteur sur gage en activité.
Le prêteur pèse avec attention les pièces d’or sur une petite balance. D’autres pièces sont posées en vrac sur le tapis vert de la table, tandis qu’à gauche des perles sont rangées sur un morceau de velours noir et que derrière, des bagues sont placées sur un baguier. On peut observer aussi une pièce d’orfèvrerie, une petite boîte, un miroir et un livre enluminé, montrant une miniature détaillée d’une vierge à l’enfant.
Tout ici concourt à mettre en avant la réussite commerciale de notre couple.
Valeur importante dans l’Europe du Nord du 16ème siècle, les objets placés sur l’étagère derrière le changeur et sa femme témoignent de l’importance du commerce ; la maquette de bateau derrière l’épaule de l’homme rappelle l’importance grandissante du commerce maritime.
Sur l’étagère figure un rouleau de parchemin posé sur un livre sur lequel on peut lire : Quentin Metsys scilder ,1514 (Quentin Metsys, peintre,1514).
Au bas de cette signature, le monogramme du peintre, un petit marteau qui rappelle sans doute son premier métier de forgeron.
Le miroir convexe, placé sur la table, permet à Metsys de montrer l’interlocuteur du couple.
À l’arrière-plan, une porte ouverte laisse entrevoir deux personnages qui bavardent, prétexte utilisé pour montrer la capacité du peintre à suggérer  un espace en profondeur. « Que la balance soit juste et les poids égaux » était mentionné sur le cadre, aujourd’hui disparu, peut-être pour prouver que la prospérité de ce couple était le fruit de leur travail de commerçants honnêtes et non déloyaux.
Le peintre recourt ici à la technique de la peinture à l’huile. Son support en bois est recouvert d’une préparation obtenue  par un mélange de chaux et de colle animale.
Sur cet enduit blanc qui unifie la surface à peindre et réfléchit la lumière, le peintre dessine son esquisse avec un pinceau.
Il applique ensuite en plusieurs couches ses pigments mélangés à de l’huile. Peu chargées en pigments, les dernières couches apportent de la brillance à la surface de l’œuvre. La technique est sensiblement identique à celle de Van Eyck, mais retient aussi des procédés italiens comme le sfumato inventé par Léonard de Vinci.

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