· 

Le peintre et son modèle

balthus

BALTHUS
Le peintre et son modèle (1981)
Tempéra sur toile, 226 x 43 cm.

 

Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus est né à Paris en 1908. Son père était critique d’art et sa mère peignait. À l’âge de 16 ans, il rencontre le poète  Rainer Maria RILKE , qui l’encourage à devenir peintre.
Il apprend la peinture en autodidacte, bien qu’il ait approché des peintres comme Bonnard et Derain : « j’ai appris mon métier comme on apprend à parler :  en essayant de faire comme le font les autres "
Il admire l’ œuvre de Piero della Francesca et celle de Courbet.
Il travaille à Paris puis se retire à la campagne. Dans les années 30, sa prédilection pour les thèmes tirés de la vie quotidienne est déjà marqué, notamment avec des œuvres comme la rue (1933).
Il peint aussi de nombreux portraits dont le style peut s’apparenter à celui des peintres expressionnistes tels Otto Dix.
À partir des années 40, il entreprend une série de Scènes intérieures dans lesquelles il introduit des figures féminines adolescentes innocentes.
Il crée, comme dans ce tableau peint en 1981 un univers fascinant. Il a peu d’exposition, son art n'est connu que de quelques collectionneurs éclairés.
Ses toiles figurent dans les principaux musées d’art moderne d’Europe et des États-Unis.
Il accepte le poste que lui propose André Malraux, la direction de La Villa Médicis. Il restera à la tête de la prestigieuse institution française en Italie jusqu’en 1977.
Il continue à peindre, caché quelque part en suisse.
Balthus très solitaire a toujours rejeté toute adhésion à un quelconque mouvement contemporain.
On peut cependant rapprocher son œuvre du surréalisme par son sens du merveilleux, du dépassement du réel.
Antonin Artaud l'a bien compris: « le surréalisme lui a servi à clarifier les formes et sous la convention fixée  de ces formes, il lui a permis de découvrir dans l’inconscient de l’homme la vie bruissante des forces nues de l’univers »
Dans une pièce meublée de 2 chaises, d’un escabeau et d’une table, un peintre vu de dos écarte le rideau qui masque la grande verrière de son atelier. La lumière dorée d’une fin d’après-midi pénètre par la fenêtre et viens baigner la pièce et ses occupants.
Le modèle du peintre, une jeune adolescente à genoux, appuyé sur une chaise regarde un livre. Sur la table du fond repose une coupelle de fruits. Tout pourrait sembler réel s’il n’y avait cette lumière étrange venue du lointain, paradis de l’enfance auquel Balthus appartient toujours.
La pause alanguie de la jeune fille, son attitude candide et rêveuse, comme si elle venait à peine de se réveiller, confère aussi à la scène ce semblant de réalité mêlé d’onirisme. Il est d’ailleurs amusant de voir combien la construction du dessin, apparemment si rigide n’enlève rien à cette atmosphère songeuse qui baigne le tableau.
Ce tableau est exécuté à la caséine, substance  obtenue à partir de lait caillé frais, parfois utilisée comme Liant et tempera sur toile.
La tempera et une peinture à base de blanc d’œuf. La peinture de tempera à l’ œuf utilisé ici par Balthus consiste à lier des pigments avec une émulsion à base d’eau et d’œuf. L’émulsion est stabilisée avec de la colle à base de jaune d’ œuf qui sèche très rapidement et donne un aspect mat à la couleur.
Une couche de vernis donne un brillant à la surface comme s’il s’agissait d’une peinture à l’huile. Séchant très rapidement la tempera nécessite une grande précision d’exécution.
Balthus a été très impressionné par les fresques de Piero della Francesca à Arezzo. Il recherche dans sa technique de savants mélanges de caséine, de sable et de pigments dilués préalablement dans l’huile de lin.

Écrire commentaire

Commentaires: 0