pierre bonnard
Pierre Bonnard
Table servie et jardin (1934)
Huile sur toile, 127 x 135 cm
Pierre Bonnard est né le 3 octobre 1867 à Fontenay-aux-Roses. Destiné par son père à une carrière administrative, il s’inscrit le soir à l’Académie Jullian où il rencontre entre autres Paul
Sérusier et Maurice Denis.
Il abandonne ses études juridiques après sa licence de droit pour entrer à l’école des Beaux-Arts où il se lie avec Édouard Vuillard.
Il adhère au groupe des Nabis. Il découvre la lumière du Midi à Saint-Tropez. Sa palette s’enrichit alors de toute la richesse chromatique de la couleur pure.
À partir de 1925, il est reconnu par ses pairs et admiré dans le monde entier comme le plus grand coloriste de la peinture occidentale .
Le 23 janvier 1947 il s’éteint dans sa propriété du Cannet, laissant de nombreuses toiles inachevées et une œuvre considérable.
Bonnard n’a cessé, durant sa vie, d’expérimenter de nouvelles voies picturales. Il est passé par les influences du japonisme, du nabisme, pour parvenir à la couleur saturée.
S’intéressant particulièrement comme Gauguin et Van Gogh aux estampes japonaises, il est surnommé « le Nabi japonard».
Chaque tableau de Bonnard révèle des scènes intimes de sa vie heureuse et insouciante, partagée avec Marthe, son unique modèle, qui devient madame Bonnard en 1925 et qu’il a peint de mille
manières dans l’éclat de sa beauté, même lorsqu’elle vieillit.
Pour le peintre « le tableau est une suite de tâches qui se lient entre elles et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’oeil se promène sans aucun accroc. »
Désireux selon ses propres termes, « de montrer tout ce que l’on voit en entrant dans une pièce et ce que le regard embrasse du premier coup d’œil », il réalise parfaitement ce souhait
dans ce tableau (Table servie et jardin - 1934) .
Sa perspective se découvre selon plusieurs plans, avec des contrastes de zones bien définies comme la table qui semble avancer vers l’observateur, l’invitant en quelque sorte à entrer dans cette
pièce ouverte sur l’extérieur par la fenêtre. Elle laisse apercevoir le flou des arbres et du jardin se prolongeant jusqu’à la double ligne d’horizon de la mer et du ciel, créant par le
cadre de la fenêtre un tableau dans le tableau.
Les objets quotidiens posés sur la table se fondent avec la nature, le ciel et la mer que l’on découvre par la fenêtre. Tout alors s’imbrique dans une harmonie de teintes.
Le tableau est comme encadré par les deux bandes oranges du mur, sur la table au violacée, il fait contraster deux coupes jaunes avec le rouge d’un fruit, car dit-il, « on ne peint jamais
assez violent ».
La maîtrise parfaite de sa technique est, pour Bonnard, un élément essentiel de son expression picturale, car elle permet d’éviter des erreur : "je dessine sans cesse"
Et après le dessin vient la composition qui doit être un équilibre. Un tableau bien composé est à demi fait »
Un dessin pris sur le vif lui permet de bien définir sa mise en page. Sur cette esquisse, il note l’intensité des couleurs à utiliser.
Il travaille de mémoire, directement sur une toile en rouleau clouée sur un mur.
Il commence par l’enduire d’un apprêt blanc, puis réunit pinceaux et tubes sur une petite table qu’il déplace facilement d’une pièce à l’autre.
Lorsque l’essentiel de la composition est en place, il coupe la toile, puis la tend sur un châssis et il y apporte les dernières touches.
Ici, la technique du peintre est variée : des parties sont peintes en couches minces, d’autres en couches épaisses, qui forment des empâtements raclés ensuite à l’aide d’un couteau à
palette.
De cette manière, les couleurs se fondent par endroits ou au contraire, le fond blanc de la toile apparaît.
Les objets posés sur la table ont été grattés à l’aide du couteau, puis modelés par des empâtements de blanc.
Au premier plan, le violet de la nappe et les reflets de la lumière extérieure sont mis en valeur par la bande bleue qui reflète le ton d’un bleu plus dense du ciel.
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