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Moi et le village

marc chagall

Marc Chagall
Moi et le village 1911
Huile sur toile 191 x 150 cm

Marc Chagall est né en Russie à Vitebsk en 1887. En 1907, il s’installe à Saint-Pétersbourg où il fréquente l’école impériale des arts.
Il se révolte contre un enseignement trop académique et travaille avec Léon Bakst, le futur décorateur des Ballets russes de Diaghilev.
Dès les premières années du 20e siècle, Paris devient un centre culturel international accueillant la diaspora russe.
Chagall appartient à la vague des artistes étrangers qui s’installe à Paris entre 1908 et 1911.
Chagall s’installe à la Ruche, lieu de rassemblement des artistes exilés au cœur de Montmartre.
Fasciné par l’intense vie artistique du quartier, Chagall a réalisé deux versions de son tableau intitulé Moi le village.
La première en 1911 et la seconde l’année suivante.
Dans cette évocation de son village natal, le peintre s’est représenté de profil, coiffé d’une casquette, et placé face à une tête de vache.
Lui et l’animal remplissent plus de la moitié du tableau. Dans la tête de vache une scène représente une paysanne qui trait une autre vache.. en bas du tableau, la main  de Chagall dont on ne découvre que 3 doigts, dont un bagué ,offre à la vache une branche fleurie qui ressemble à un arbre de vie.
En haut du tableau, sur un fond noir, tout semble basculer, les maisons comme les gens : un paysan portant une faux se trouve devant une paysanne la tête en bas.
Le peintre a représenté une rangée de maisons colorées dont certaines sont renversées. Mais l’Église dont la Croix domine la coupole dorée est bien droite.
De sa porte sort une tête de pope démesurément grande. Toutes les conventions de la représentation réaliste sont abolies au profit de l’univers fantastique du rêve.
Les couleurs sont utilisées arbitrairement : Chagall se peint en vert, tandis que les maisons et la vache sont bigarrées ; mais qu’importe !
Ici, le souci du peintre est d’obtenir un ensemble à la fois harmonieux et fantaisiste selon les propriétés du rêve.
Les formes géométriques dans lesquelles il inscrit ses figures, le cercle renfermant une partie du visage du peintre,  le triangle dans lequel il dispose l’offrande faite à la vache, le découpage en trois triangles de la tête de l’animal traduisent une influence du cubisme sur Chagall.
La composition repose sur des diagonales opposées, l’une s’appuyant sur le nez de Chagall, l’autre sur le museau de la vache.
Elles forment un X qui répartit en quatre triangles les différentes scènes. Cette décomposition des images en plusieurs plans, bien qu’issue du cubisme, n’aboutit pas aux mêmes effets.
Le peintre recourt à ce procédé pour mieux représenter, visuellement, l’afflux des images et des émotions de son enfance passée en Russie. Il nous  projette dans un rêve poétique.
Le tableau où domine le rouge et le vert, avec quelques touches de bleu, est construit avec fermeté. Les formes sont presque toutes délimitées par des cernes noires ou de couleur  foncée.
Le jeu des contrastes de couleur entre dans la composition : au centre, le triangle rouge peint en aplat tranche avec le vert utilisé pour le visage du peintre.
Il recourt aussi à des dégradés subtils de couleurs, lesquelles  apportent un léger modelé.
Chagall applique sa peinture à la brosse., tantôt sous forme de touches solides tantôt sous forme de frottis c’est-à-dire en fines couches de peinture presque sèche.

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