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La Pentecôte

emil nolde

Emil Nolde
La Pentecôte ( 1909)
Huile sur toile, 87 x 107 cm

Emil Nolde est le pseudonyme d’Emil Hansen, né en 1867 à  Nolde en Silesie.
L’œuvre de Nolde s’inscrit dans cette grande révolution artistique du début du 20ème siècle que fut l’expressionnisme.
L’art de Nolde et de ses amis ne pouvant pas être qualifié d’impressionnistes, ils se nommèrent  expressionnistes par boutade.
Un peu plus tôt, en 1888,  J. Ensor marquait en précurseur les débuts de ce mouvement.
Parmi les expressionnistes allemands, Emil Nolde est une figure à part. Il fait en effet cavalier seul, même s’il adhèrera un temps au groupe DIE BRüCKE.
Le thème religieux occupe une place importante dans l’œuvre de l’artiste et la Bible fut à plusieurs reprises sa source d’inspiration.
NOLDE a été très influencé par l’art Populaire de son pays mais aussi par les formes d’expression artistique des peuples dit primitifs, entre autres ceux d’ethnies africaines dont les masques le fascinaient.
On se souvient du miracle de la Pentecôte, rapporté dans les Actes des Apôtres ; 50 jours après Pâques, les apôtres réunis reçoivent du ciel des langues de feu, qui en se posant sur eux, les enveloppent de l’esprit saint.
Dans le tableau ne figure que 11 apôtres, Judas s’étant suicidé.
Trois d’entre eux sont en premier plan, assis de dos ou de trois quart arrière, autour d’une table jaune, les autres forment au deuxième plan du tableau un alignement, tandis que en arrière-plan, l’obscurité d’un fond sombre bleuté ramène notre regard sur la table et ses convives..
Cette scène de la Pentecôte est tragique et angoissante chez Nolde  tandis que dans l’Évangile elle est paisible.
Les personnages entretiennent l’ambiguïté entre le titre du tableau et de la scène représentée.
En effet on remarque que les apôtres ne tiennent pas ou n’ont pas à leurs côtés des attributs révélant leur identité, comme l’aigle pour Saint-Jean ou encore les clés pour Saint-Pierre.
Ainsi le mystère reste entier et l’on ne peut savoir par exemple à qui l’apôtre situé au premier plan à gauche, celui qui porte une cape bleue turquoise, serre la main.
Notons  qu’il subsiste deux détails réellement attachés au thème de la Pentecôte : les mains jointes de l’apôtre barbu priant au-dessus de la table jaune et les gouttes de feu violacées tombant du haut du tableau.
Admirons l’art du coloriste qu’est Nolde dans ces quelques éléments.
Seule la couleur jaune de la table reflétée sur les visages apporte la vision d’une lumière divine alors que les langues de feu du Saint-Esprit au-dessus de leur tête est d’un violet intense.
Remarquons aussi que les personnages se serrent étroitement les uns contre les autres. On dirait que le format de la toile ne suffit pas à les contenir tous à l’instar du tableau représentant la Cène que Nolde a peint la même année.
Les visages des apôtres dont certains sont coupés par les limites du tableau ressemblent un peu à des masques qui pourraient évoquer le style du peintre James Ensor.
On le sait Nolde admire l’art primitif.
Le dessin est ici simplifié à l’extrême.
Par ses couleurs violentes criardes et agressives le peintre crée un choc visuel très fort capable de provoquer le malaise et les apôtres avec leurs grands yeux de couleurs fixes semblent prêts à recevoir l’Esprit Saint.
Cette œuvre est réalisée selon la technique de la peinture à l’huile. elle permet d’obtenir des touches plus ou moins épaisses selon la quantité d’huile utilisée pour diluer les pigments.
Avant d’appliquer les couleurs, Nolde devait retracer l’esquisse de sa composition sur une toile préalablement préparée.
Si son dessin disparaît sous la peinture on en devine la présence par l’utilisation des cernes, ces traits épais qui se substituent à l’ébauche initiale pour le nez, sourcils et yeux des apôtres rendant ainsi les visages plus expressifs.

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