Jacques Villon
Portrait d’un homme, portrait de l’artiste (1949-1950)
Gaston Duchamp, dit Villon est né en 1875 à Damville dans l’Eure.
Fils de notaire, il est le frère aîné de Marcel Duchamp.
Il abandonne ses études de droit pour se consacrer à l’art. Il rejoint Paris et adopte le nom de son poète favori François Villon.
Il rencontre Toulouse-Lautrec dont l’oeuvre le marque profondément.
Il fonde le groupe de la» Section d’or « qui réunit, dès 1911, chaque dimanche à Puteaux, dans son atelier, Kupka, La Fresnaye, Delaunay Picabia et bien d’autres.
Au mouvement cubiste, on associe étroitement les noms de Braque et Picasso. Ils ne furent cependant pas les seuls à s’engager sur la voie de cette révolution artistique.
Le Salon des Indépendants en 1911 expose à Paris les oeuvres de plusieurs artistes ralliés au cubisme.
Ces artistes, parmi lesquels on peut compter Delaunay, Léger, Gris se sont regroupés dans le salon.
A leurs côtés les frères Duchamp dont Jacques Villon exposent.
C’est le début d’échanges et d’amitiés entre les différents peintres. «Cubiste- impressionniste» ainsi se définit Jacques Villon, chef de file du groupe « la section d’or ».
L’appellation choisi par le groupe laisse supposer l’influence des mathématiques sur la peinture cubiste. En effet par rapport aux peintres cubistes, ils suivent une démarche théorique.
Villon étudie le traité de la peinture de Léonard de Vinci et adapte à son œuvre la vision pyramidale du peintre.
Ce groupe s’associe aux expériences cubistes, mais les trouve trop statiques et recherche donc une traduction plastique du mouvement.
Pour Jacques Villon comme pour beaucoup de peintre de la génération de l’après-guerre, l’atmosphère culturelle et politique est étouffante.
Le symbole de la respiration, donc de la vie ou de la mort, devient alors le moyen d’affirmer sa liberté.
Dans cet autoportrait Villon a voulu, en termes picturaux variés comme des bandes colorées, bleues en avant et rouges à l’arrière, ou des vides et des pleins, créer un espace qui évoque un mouvement de va-et-vient en profondeur suggérant la respiration, un tableau où les couleurs respirent .
Jacques Villon a observé que le bleu convient au plan rapproché et le rouge à ceux qui sont éloignés.
Il avait découvert au musée de Cluny cette relation nouvelle dans la célèbre tapisserie de La dame à la Licorne où le fond, le ciel, est rouge et non bleu.
Ici il applique ce principe pour accentuer, par le contraste inversé de ces deux couleurs un nouveau mouvement de va-et-vient respiratoire : inspiration expiration et inversement.
Jacques Villon travaille avec lenteur et précision pour placer avec justesse les petites touches de couleurs.

Observez, regardez bien cette toile, il faut une longue intimité avec ce portrait pour le voir respirer.
Une mobilisation de l’être tout entier corps et âme pour y déceler le mouvement de tout le corps qui inspire et expire en même temps.
Mouvement purement subjectif ?
À chacun de s’en rendre compte en faisant la même expérience.