· 

La campagne heureuse

jean dubuffet

Jean Dubuffet - La campagne heureuse - 1944

 

Après avoir décidé de se consacrer à la peinture, Dubuffet inventa le terme d' "art brut", dénomination sous laquelle il regroupait  les oeuvres artistiques non reconnues officiellement, comme celles des enfants, des aliénés et des primitifs.

Pour lui l'art occidental de son temps est saturé de référence qui entrave l'artiste dans son acte Créateur.

 

La campagne heureuse, réalisée en 1944, illustre cette peinture dénuée de référence artistique que recherche Dubuffet.

Dans cette vision de la campagne c'est volontairement qu'il réalise des maladresses que certains ont qualifiées  «d'anti-plastiques».

Le livre d'or de l'exposition où la toile a été exposée était d'ailleurs couvert d'insultes. Comme le font les enfants par exemple, Dubuffet montre cette campagne en perspective aérienne.

Comme d'un avion, on découvre le rythme des champs cultivés dans un ordre précis. Il est ainsi possible de distinguer une ferme, des animaux dans un pré et des personnages,  aberration pour l'académisme,  vu de face ou de profil.

 

Même si la naïveté de son dessin peut choquer encore aujourd'hui, songez à l'exclamation célèbre de la foule : « mais un enfant de 4 ans pourrait le faire ! »

Ce tableau doit apparaître comme un tableau "thérapeutique ".

 

Dubuffet écrit ce qui pourrait très bien s'appliquer à la création de ce tableau :

« Le point de départ de la surface à animer est la première tâche de couleur ou d'encre qu'on y jette : les faits qui en résultent, l'aventure qui en résulte.

C'est cette tâche qui, à mesure qu'on l'enrichit et qu'on l'oriente doit conduire le travail.

Un tableau ne s'identifie pas comme une maison, partant de cotes d'architectes mais dos tourné au résultat à tâtons, à reculons. »

 

En général Dubuffet utilise ses propres techniques comme les graffitis, le grattage, les incisions et les empreintes ainsi que des matériaux bruts comme le sable,la boue, le gravier.

En revanche, dans cette œuvre, il utilise la peinture à l'huile. Il peint sur une toile un fond blanc dont on peut voir des traces à plusieurs endroits.

Sa palette est limitée à quelques tons primaires où dominent les verts des Prés et les bruns de la terre.

Les champs, les arbres, les maisons.

Les personnages et les animaux sont cernés par des traits noirs pareils à des incisions dans la peinture qui créent une vision parcellaire de la nature.

 

Jean Dubuffet disait « tout le monde est peintre. Peindre c'est comme parler ou marcher »

C'est donc volontairement qu'il met en évidence toutes les maladresses de sa technique semblable à celle d'un dessin d'enfant.

Encore faut-il avoir su garder son âme d'enfant et sa naïveté pour faire ce saut du réel dans l'imaginaire. Dubuffet l'avait bien compris.

Écrire commentaire

Commentaires: 0